La mort du
cardinal Tettamanzi, ancien archevêque de Milan
Isabelle de Gaulmyn, le 05/08/2017
à 15h14
Cardinal TETTAMANZI |
Le cardinal italien Dionigi Tettamanzi, archevêque de
Milan de 2002 à 2011, est décédé ce samedi matin, 5 août 2017, à l’âge de 83
ans. Ce « petit cardinal au grand cœur » incarnait la ligne du pape François
dans l’Église italienne.
Le cardinal Dionigi Tettamanzi est
décédé vendredi 4 août / PATRICK HERTZOG/AFP
Il faisait partie du paysage catholique italien, avec sa silhouette courte,
sa bonhomie, et sa modestie apparente. Les journalistes italiens l’avaient
surnommé le « petit cardinal au grand cœur ». Fils de la Lombardie, où il est
né en mars 1934, Dionigi Tettamanzi en était devenu l’archevêque le 11 juillet
2002, successeur d’un éminent prédécesseur, le cardinal Carlo Maria Martini,
qui a d’ailleurs contribué à sa reconnaissance publique. Mais avant, c’est un
autre archevêque de Milan, le cardinal Montini, futur Paul VI, qui l’ordonne
prêtre le 28 juin 1957 avant qu’il entreprenne son doctorat en théologie, à la
Grégorienne à Rome sur « le devoir de l’apostolat des laïcs ».
Collaborateur du pape Jean-Paul II
Il enseigne ensuite successivement la théologie morale puis pastorale en
Lombardie comme à Florence, dans les séminaires ou autres écoles de formation.
Sa parole se fait entendre dans de nombreux congrès et colloques. Durant ces
années, il devient un collaborateur estimé du pape Jean-Paul II, qui le
consulte régulièrement sur les questions morales et de bio éthique.
Il est nommé recteur du séminaire pontifical lombard à Rome à partir de
septembre 1987. Cela lui permet de travailler avec la Conférence épiscopale
italienne (CEI). Mais il ne reste qu’une année dans cette charge, jusqu’à ce
que Jean-Paul II le nomme archevêque d’Ancône-Osimo le 1er juillet 1988.
Organisateur hors pair, fin analyste des équilibres ecclésiaux, au terme
d’un mandat de quatre ans, Jean-Paul II le nomme archevêque de Gênes (Ligurie),
région traditionnellement tournée vers la France toute proche mais surtout vers
la Méditerranée depuis ce port important d’une république ancienne. Il fut à ce
titre élevé au cardinalat en 1998 par le pape. En 2002, enfin, il lui revient
la difficile tâche de succéder au jésuite cardinal Martini, figure de l’Église
mondiale. Tâche dont il s’acquitte avec beaucoup de modestie et d’humilité,
mettant toute son ardeur à gérer cet énorme diocèse, le plus peuplé d’Italie,
avec plus de 5 millions d’habitants, 2 000 prêtres diocésains et près de 900
religieux prêtres.
Très sensible aux dégâts de la crise économique, il va susciter dans son
diocèse la création d’un fonds pour les personnes sans travail et les familles
en difficulté. À la fin des célébrations, il avait l’habitude de rester
longtemps sur le parvis de sa cathédrale, discuter avec les fidèles, et
répondre à tous ceux qui l’interpellaient. Disponible, toujours.
Auteur à succès de nombreux ouvrages de morale, beaucoup de journalistes le
placent dans leur liste de papabili en avril 2005, à la mort de Jean-Paul II.
Affable, il répond par un sourire aux assauts des médias à la sortie des
congrégations générales réunies au Vatican avant le conclave. Après l’élection
de Benoît XVI, il retourne à Milan d’où ses prises de parole sont très
écoutées, bien au-delà de la Lombardie. Il reste à Milan jusqu’au 28 juin 2011.
ligne « anti Ruini »
Ce pasteur attaché au catholicisme populaire s’est retrouvé opposé à la
ligne du cardinal Ruini, qui souhaitait faire de l’Église un allié de poids
politique dans une reconquête morale de la société italienne. Ainsi, ouvrant le
congrès de l’Église italienne à Vérone, en 2006, il prend ses distances avec
cette vision, et met en garde contre toute tentation de récupération des
valeurs chrétiennes par la politique : « Il vaut mieux être chrétien sans le
dire que le proclamer sans l’’être », a-t-il dit, citant saint Ignace
d’’Antioche. « L’Église n’’a pas à être un agent
politique ».
Le décès du cardinal Tettamanzi intervient alors que son successeur, le
cardinal Angelo Scola s’apprête à transmettre les rênes du diocèse de Milan à
son vicaire général et évêque auxiliaire, Mgr Mario Delpini, qui prendra ses
fonctions en septembre.
Les condoléances du Pape François
Dans un message adressé à Mgr Mario Delpini, le Pape François a rendu
hommage au cardinal défunt, en des termes très personnels, signe d’une profonde
affection : « En apprenant
la nouvelle du décès du cher cardinal Dionigi Tettamanzi, je désire exprimer
mes condoléances à ses proches et à cette communauté diocésaine, qui le fera
figurer parmi ses enfants les plus illustres et parmi ses pasteurs les plus
aimables et aimés. Je pense avec affection et rappelle avec gratitude l’intense
œuvre culturelle et pastorale assumé par ce frère qui dans sa féconde existence
a témoigné avec joie de l’Évangile et a servi docilement l’Église, d’abord
comme prêtre dans l’archidiocèse de Milan, puis comme évêque d’Ancône, comme
secrétaire de la Conférence épiscopale italienne, archevêque de Gênes, puis
archevêque de cette Église ambrosienne bien-aimée et enfin comme administrateur
apostolique de Vigevano. »
Il s’est toujours distingué en tant que pasteur
efficace, totalement dévoué aux besoins et au bien des prêtres et de tous les
fidèles, avec une attention particulière aux thèmes de la famille, du mariage
et de la bioéthique, dont il était particulièrement expert, ajoute le pape.
Il reste désormais 223 cardinaux, dont 121 électeurs, de moins de 80 ans.
Isabelle de Gaulmyn
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